INTERVIEW
Pourriez vous vous présenter ainsi que votre startup ?
Nous sommes trois à avoir lancé Fayo et on retrouve des passions de chacun de nous dans notre ADN.
Arthur Thuet, en charge des sujets commerciaux, financiers et administratifs, ancien entrepreneur et investisseur en Afrique Subsaharienne diplômé de l’ESSEC, est intransigeant sur le goût et l’alimentation durable.
Laura Maindivide, ingénieure agro spécialisée en qualité et R&D, diplômée de SupAgro Montpellier, est en charge de toutes les thématiques techniques, se bat contre l'ultra transformation et pour une production saine.
Et enfin Thibault Suty, aux manettes opérationnelles, ancien entrepreneur et consultant diplômé d’HEC, met tout en œuvre pour promouvoir une agriculture durable et locale.
Cette combinaison d'ambitions nous a amenés à créer Fayo : nous produisons des aliments à base de légumineuses, bons (!!), locaux, sans ultra transformation et mettant en valeur les meilleures pratiques agricoles ! Notre premier produit, le Lingot, est un délicieux ingrédient de cuisine qui peut se substituer à la viande (et aux fausses viandes). Il existe en deux versions : une du Sud et une du Nord. Chacune est composée de graines propres à leur région et provenant de champs de ces territoires.
Nous le vendons à la restauration collective qui peut donc cuisiner des plats végétariens bio, locaux et sans chimie !
Quelle est l'origine de votre projet ?
Nous voyons l’alimentation comme un tout du champ à l’assiette, ainsi nous adressons 4 grands sujets stratégiques : l’agriculture durable, le local, la faible transformation et le goût.
Pour soutenir une agriculture plus durable, nous travaillons en bio et avons choisi de mettre à l’honneur les légumineuses. En effet, il est extrêmement important que les agriculteurs en replantent dans leurs champs. En rotation avec d’autres cultures, elles fertilisent naturellement les sols ce qui en fait un pilier de la bio et de l’agriculture régénératrice. Le problème est que leur consommation a été divisée par 5 en 100 ans. Et donc pour soutenir nos agriculteurs dans cet effort, nous souhaitons contribuer à leur retour dans nos assiettes. En remettre dans nos assiettes c’est également promouvoir la consommation de protéines végétales, autre propriété magique des légumineuses puisqu’elles permettent de diminuer l’impact carbone de nos assiettes.
Mais notre objectif n’est pas de s’arrêter à l’utilisation de légumineuses et donc de protéines végétales. Nos 4 piliers nous tiennent à cœur car le catalogue végétal prend une direction dans laquelle nous avons du mal à nous projeter. Chez Fayo, on travaille avec des légumineuses régionales en créant des gammes spécifiques, pour soutenir les agriculteurs des régions dans lesquelles nous sommes implantés et pour répondre à la demande des consommateurs d’une alimentation plus locale. Nous rejetons l’ultra-transformation car nous ne souhaitons pas manger de la chimie, ce qui est d’ailleurs un frein à la généralisation de la consommation d’alternatives à la viande. Et enfin, nous créons de délicieux produits à cuisiner et des recettes gourmandes pour que les chefs prennent autant de plaisir à préparer les recettes que les convives à les déguster.
Quelles sont les plus grandes étapes que vous espérez franchir au sein du programme ?
Nous avons identifié deux sujets principaux sur lesquels on souhaite avancer avec le programme.
Tout d’abord notre déploiement commercial et notre structuration en tant qu’entreprise. Cela passe par la montée en puissance de notre capacité de vente et les défis organisationnels qui y sont liés.
Ensuite le lancement de notre activité en tant qu’industriel de l’agroalimentaire (à ce jour nous travaillons avec un prestataire). Avoir l’ambition d’être un transformateur capable d’offrir des produits locaux dans plusieurs territoires pose un certain nombre de défis. Cet accompagnement nous permettra d’affiner notre business model et de travailler à notre renforcement capitalistique. L’objectif à moyen terme est de mettre sur pied (et donc de financer) un atelier de production pilote dans le Sud de la France.
Quelles sont, selon vous, les tendances ou innovations à venir dans le secteur agri-food ?
Nous voyons deux tendances un peu antagonistes sur ce secteur. Une première est conduite par le défi technologique visant à remplacer les produits animaux par d’autres produits imitant leurs propriétés (par ex., simili-viandes, viande de laboratoire). Elles promeuvent en effet fortement le végétal, mais nous y retrouvons des marqueurs classiques de l’industrie.
Une deuxième tendance existe cependant (moins visible car moins financée), dans laquelle nous nous inscrivons. Elle est peut être moins spectaculaire technologiquement, mais apporte à notre sens une vraie rupture sur le secteur. Il s’agit d’acteurs visant à remettre la production agricole au cœur de la création de produits. On y voit un refus de gammes normatives au bénéfice de la valorisation des vrais goûts, produits et terroirs. On retrouve cela chez pas mal de jeunes entreprises comme Bene Bono, Transition/Pour Demain, Atypique, Madame Beans, RESAN, Pimp’Up, Cuisinons Nos Paysages etc. Avec KEDGE nous allons travailler à créer un modèle ambitieux et viable ancré dans cette volonté de rupture avec un système qui nous semble devoir être revu.
Développé par KEDGE Entrepreneurship, Inter-Made et la Cité de l’Agriculture, ce nouveau programme d'incubation "Agri-FoodTech" a pour objectif de favoriser l’émergence de startups dans le secteur de l’agriculture et de l’alimentation durable sur la région PACA pour assurer un avenir viable et prospère aux générations futures et faire émerger des entreprises innovantes qui répondent aux enjeux du territoire.
Basé à Marseille, ce nouvel incubateur a accueilli ses premiers entrepreneurs en novembre 2024.