Quel souvenir gardez vous de vos années en tant qu’étudiante à KEDGE BS ?
"J’ai intégré KEDGE (ex Euromed) après une classe préparatoire et dès ma 1ère année, j’ai intégré deux associations étudiantes, ACCEDE Entrepreneurs et PHOENIX. Ces 2 expériences couplées à mon parcours d’étudiante, ont littéralement changé ma vie et orienté le reste de mon parcours. J’y ai trouvé ma vocation, ce qui me faisait vibrer.
J’ai eu l’incroyable chance d’avoir rencontré aussi des personnes, sans qui TOUT ça, n’aurait pas été possible, des personnes qui m’ont accompagnées durant mon parcours et je profite de cette tribune pour leur rendre hommage 15 ans après : le doyen en 2008 Bernard Paranque, mon professeur Ernesto Tapia Moore, mon mentor Thierry Brener et mon mentor-alumni Christian Raucoules. Merci du fond du cœur pour tout et encore plus, et cela rappelle à quel point nos mots, nos actions peuvent avoir un impact au-delà de ce que l’on peut imaginer.
KEDGE n’est donc pas seulement une école citée dans mon CV ou un diplôme mais une aventure transformatrice unique, d’où l’importance de « kiffer à fond » et tirer parti de toutes les opportunités et rencontres.
Entreprendre pour moi c’est d’abord « entreprendre sa vie » et c’est un mindset à cultiver tous les jours, petit pas par petit pas, avec confiance en l’avenir et enthousiasme.
Donc je pense que oui, j’en garde un bon souvenir."
Vous occupez aujourd'hui le rôle de Coordinatrice Entrepreneuriat d'Expertise France. Pouvez-vous nous en dire plus sur les missions d'Expertise France et sur votre rôle ?
"Expertise France est l’agence interministérielle de coopération technique française, filiale du Groupe AFD. Notre mission est de concevoir et mettre en œuvre des programmes de coopération internationale dans les pays partenaires sur des thématiques diverses comme la santé, la gouvernance, le développement durable, l’éducation ou encore le développement d’une économie durable et inclusive.
Ma mission consiste à accompagner et superviser les programmes Entrepreneuriat d’Expertise France sur l’ensemble des départements et des géographies que ce soit sur les programmes d’entrepreneuriat vert, entrepreneuriat féminin, entrepreneuriat des diasporas, … avec des programmes nationaux mais également multi-pays.
Par ailleurs, il s’agit également d’animer la thématique Entrepreneuriat au sein du Groupe AFD ou auprès des partenaires afin de rester en veille, continuer à développer notre expertise et enrichir nos projets."
KEDGE est depuis 2011 un partenaire de confiance d'Expertise France avec de nombreuses collaborations, sur le programme Meet Africa Côte d'Ivoire, actuellement sur le programme Diaspora Comores.
KEDGE est également signataire de la tribune d'Expertise France "Les diasporas, catalyseur du développement durable en Afrique".
Comment qualifieriez vous la collaboration entre l'école et Expertise France ?
" Pour être franche, nous ne nous attendions pas à avoir une école en tant que partenaire de mise en œuvre sur des programmes d’incubation, d’autant que l’accompagnement des entrepreneurs des diasporas est un sujet plus ou moins nouveau mais qui gagne de plus en plus en intérêt.
Au sein de MEET Africa, nous avons développé une approche novatrice sur l’accompagnement sur le double continent que nous avons appelé « la co-incubation » : chaque entrepreneur est accompagné par un incubateur en France et un incubateur dans le pays d’implantation, dans une logique de création de binômes et de collaboration entre les deux organisations pour non seulement apporter un accompagnement complet qui suit le parcours de l’entrepreneur « du départ à l’arrivée » mais aussi pour créer des partenariats qui dépasseront le programme.
KEDGE nous a proposé cette approche partenariale avec un incubateur ivoirien de manière très naturelle dès le début, ce qui les a distingués et l’étiquette « grande école » a ainsi permis de bénéficier d’outils de qualité et d’une crédibilité pédagogique. Leur expérience leur a valu de pouvoir proposer une offre de qualité également sur le programmes Comores, projet avec d’autres défis. Je remercie ici les équipes avec qui nous avons collaboré, pour nous accompagner avec professionnalisme, ingéniosité et adaptabilité."
Quels sont les principaux défis des entrepreneurs de la diaspora ?
"Commençons par une tentative de définition succincte et introductive : un entrepreneur de la diaspora est un entrepreneur d’abord, et dans nos programmes, sont concernés les entrepreneurs basés en Europe avec un projet d’entreprise dans son continent d’origine*.
Nous avons identifié 3 défis principaux des entrepreneurs de la diaspora, d’où les objectifs de nos programmes :
- Le besoin d’informations,
- Le besoin d’impliquer des acteurs des pays d’implantation et
- Le besoin de financement sur le double espace.
Néanmoins, je pense que le 1er défi des entrepreneurs de la diaspora, avant leur projet entrepreneurial, est la décision d’entreprendre en tant que telle, car entreprendre entre deux pays sous-entend non seulement la création d’une entreprise internationale dès sa création, mais se questionner également sur le sentiment d’appartenance, l’identité, les motivations et le « why » puisque la 1ère chose qu’on regarde dans l’accompagnement, ce n’est pas son entreprise mais c’est l’entrepreneur.
Puis viennent les questions stratégiques et opérationnelles : s’informer sur le marché, sur les modalités fiscales et juridiques, gérer à distance, développer un réseau solide localement, financer ses voyages et son développement, …
Beaucoup d’entrepreneurs deviennent parfois des opérateurs économiques voire des investisseurs étrangers (pas si étrangers) car ils sont amenés à développer la filière en amont et/ou en aval, former du personnel qualifié et les fidéliser avec un fort besoin d’adaptation aux codes du pays.
Les défis sont donc nombreux. Le développement des entreprises issues des diasporas ainsi que le recrutement des talents des diasporas deviennent aujourd’hui un outil de dialogue et ponts économiques et surtout, une nécessité pour développer les marchés, créer de la valeur, aller plus loin, plus rapidement."
*J’ai choisi ici le terme de « continent d’origine » car même si la majorité ont le projet d’entreprendre dans leur pays d’origine ou celui de leurs parents, les entrepreneurs de la diaspora ont une vision « marché ». Certains ont souhaité entreprendre dans les pays voisins de leur pays d’origine ou même dans plusieurs pays pour des raisons de taille de marché ou encore de facilités de pénétration et d’investissement.
Quel rôle ont joué KEDGE et Expertise France dans le projet Meet Africa, et comment cette expérience vous aide-t-elle dans le projet Diaspora Comores?
"Expertise France est l’opérateur de mise en œuvre, bénéficiaire des financements octroyés par l’AFD et l’Union Européenne. Dans la majorité de nos programmes, les activités mises en place prévoient :
- un appui institutionnel aux agences publiques partenaires (ici sur leur politique de mobilisation des diasporas et le développement de politiques publiques dédiées),
- un appui à l’écosystème entrepreneurial,
- le développement d’outils de financement pérennes.
En tant qu’opérateur public à l’international, notre mandat est de mobiliser de l’expertise et développer des partenariats pertinents et durables pour le développement d’activités à impact dans les pays partenaires. Nous croyons fermement à une approche de co-construction avec une vision long terme.
C’est dans ce contexte que nous avons sélectionné des structures d’accompagnement pour accompagner les entrepreneurs sur le double espace dans les six pays d’intervention notamment la Tunisie, le Sénégal, le Cameroun ou encore la Côte d’Ivoire pour MEET Africa 2 et aux Comores pour le projet Diaspora Comores.
C’est ainsi que KEDGE a accompagné sur le double espace, les entrepreneurs de la diaspora ivoirienne d’abord pour ensuite capitaliser et améliorer le dispositif au profit de la diaspora comorienne, qui comporte d’autres défis contextuels. Cela pose la question de comment extraire des leçons apprises pour les adapter à d’autres contextes, tout en inventant de nouvelles approches progressivement. N’est-ce pas une manière de vivre l’entrepreneuriat de l’intérieur ?"
En tant qu'Alumni de KEDGE, quel conseil donneriez-vous aux étudiants qui envisagent une carrière dans l'entrepreneuriat international?
"Ca passe tellement vite que ce que je conseille aux étudiants est
- d’explorer tous les champs des possibles et toutes les opportunités qu’offrent KEDGE et l’environnement autour,
- de se chercher et se renouveler sans cesse,
- de tester et dépasser ses limites,
- d’oser l’inconfortable pour créer de nouvelles « comfort zones »,
- de ne pas avoir peur d’être « perdu »,
- de ne pas avoir peur de l’échec mais au contraire de se tromper mille fois pour se rendre compte qu’au final, l’erreur n’existe pas et que « tout ce qui arrive dans la vie, arrive pour une raison ».
A l’international, mon message est de se munir de la plus grande humilité, de désapprendre ce qu’on pense savoir sur le pays, sur les gens, sur les sujets et d’être émerveillé pour tout.
C’est dans les plus grandes différences parfois, que trouver ce qui nous réunit est fascinant et c’est aussi ce qui nous ramène à notre humanité simplement !"
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